Glacier, chenal Lemaire, péninsule antarctique
Homo Antarctica
Mémoire australe en sursis
Pressenti depuis le 16e siècle, rêvé, imaginé, le continent antarctique fascine et cristallise les rêves de l’homme de toujours repousser ses limites pour la recherche, la fortune ou la gloire. Au début du siècle, il est devenu le nouvel eldorado blanc pour les plus téméraires : les eaux côtières du plus grand désert du monde s’avéraient être un formidable pourvoyeur d’huile de baleine, l’une des sources d’énergie de l’époque. Des hommes se sont établis dans ce milieu hostile et extrême, où la survie est dépendante du génie technologique.
- La chasse intensive des baleines a fait décliner leur population jusqu’à quasi extinction. Dans les années 40, les hommes ont à nouveau déserté les lieux. Ils ont ainsi laissé les ruines d’une ancienne civilisation qui fût incapable de s’adapter à son environnement parce qu’elle en avait épuisé toutes les ressources. En une superbe résilience, le continent semble aujourd’hui avoir pansé ses plaies. Sa majesté semble indomptable, sa pureté éternelle. Pourtant elle est plus que jamais menacée.
- L’histoire des hommes en Antarctique se fait ici métaphore de la présence humaine sur Terre : les glaciers ont pris des milliers d’années à se former et la calotte glacière se fait archive du climat sur des millénaires, tandis que l’homme – petit saut de puce dans l’histoire de la planète – est arrivé sur ce territoire depuis moins de 150 ans. En à peine un siècle, les activités humaines ont rendu son avenir incertain, à l’image de celui de la planète. La pollution généralisée, le réchauffement climatique, la pression des lobbys pour y exploiter les ressources fossiles, la sur-pêche et des bateaux de croisières de plus en plus nombreux déversant par centaine des touristes en mal de nouveauté sont une menace insaisissable mais bien réelle.
Baleinier échoué, harpon encore prêt. Station de Grynvicken, Géorgie du Sud.
Un record de tonneaux d'huile de baleine fût atteint en mars 1929 par le baleinier norvégien Sir James Clark Ross. Après un périple de sept mois dans l'Océan antarctique, il ramena 51 000 tonneaux d'huile à New York, évalués à un million et demi de dollars d'alors.
Citernes, Whalers Bay, Deception Island. L'huile de baleine était servait alors d'abord à l'éclairage public, mais aussi pour huiler les laines avant le peignage, comme lubrifiant de machines ou pour la fabrication de margarine ou de savon.
- Auparavant, les frontières de l’Homme se situaient à la limite des territoires, de la découverte, a sa lutte pour la survie dans une nature plus grande que lui. Aujourd’hui, le plus grand défi de l’humanité est la préservation de ces territoires.